Construire un violoncelle est une épreuve de force. Il faut vaincre le bois qui résiste, ne jamais perdre le coup d'oeil qui indique les mauvaises courbes qu'on prend facilement sur une surface aussi importante qu'un fond. Il faut aussi surveiller les épaisseurs constamment (un fond de violoncelle, comme de violon d'ailleurs, n'a pas la même épaisseur du centre au bord. Il y a quelque chose diabolique dans ce travail, l'envie de vaincre cette partie du monde qui se refuse à la réflexion.
Il y a une recherche du mystère et de l'inconnu que nous hébergeons. Une action métaphysique et parfois, celui qui s'acharne pendant des jours sur quelques morceaux de bois croit atteindre le nirvana, mais très vite, il retourne au purgatoire ou en enfer car rien ne se passe exactement comme il le souhaite.
Le cello a une personnalité à lui, celle d'un maître absolu qui sait aussi être léger. C'est un être à part entière que l'on remarque toujours dans une pièce. Le construire, lui donner vie, c'est un peu se prendre pour le Créateur en mesurant sa petitesse.
C'est une merveilleuse aventure où parfois on a l'impression de conquérir un nouveau monde.
C'est aimer l'humanité.