Je n'ai jamais connu de violoneux pendant mon enfance en Corrèze, mais j'en ai entendu parler.
Pendant mon stage, on a fait pas mal d'histoire des violoneux et on a pu remarquer qu'ils étaient répartis de manière très inégale sur le territoire. De grands espaces aussi bien en Limousin qu'en Auvergne en étaient totalement dépourvus. Pour ma part, en Haute Vienne, je n'en avais même jamais entendu parler.
La danse est du coup absente de mon histoire familiale. (Par contre, le chant est extrêmement présent. Ma grand mère chantait encore en patois depuis son lit quelques jours avant sa mort.)
Et ces musiciens avaient autant de talent que les autres.
Je confirme, pour avoir tenté de les imiter, que leur jeu est très complexe. Les mélodies sont simples, mais très rapides et agrémentées de quantités d'ornementations, doubles cordes, accentuations, auxquelles s'ajoute la rythmique des pieds.
De plus ces violoneux étaient pour la plupart des paysans ou des artisans, leurs mains avaient souffert de leur travail, certains ne pouvaient même pas utiliser tous leurs doigts.
Beaucoup avaient eux-mêmes fabriqué leur instrument et "s'étaient appris" à jouer, comme ils disaient, en un à deux ans seulement.
Un jour pourtant, il avait rangé son violon et n'avait plus jamais joué.
Animer des bals pour un violoneux lui permettait de gagner un peu d'argent. Mais l'arrivée de l'accordéon a petit à petit détrôné le violon et beaucoup de violoneux se sont trouvés sans travail. Quelques-uns ont continué à jouer chez eux mais la plupart,- l'ont-ils mal vécu? ont-ils manqué de motivation à jouer seuls?- ont raccroché leur instrument.